Avant toutes choses merci à Geneviève, mon épouse, qui m’a fortement incité à relever le défi et à accepter l’invitation de Michel Chantren, d’intervenir aux Açores.
Commençons par le début : Mi-août, Michel Chantren, qui a été contacté par le groupe « Franco Dragone Entertainment Group », nous sollicite par téléphone. Serions-nous disponibles pour un vol de chauves-souris aux Açores, dans le cadre d’un spectacle de remise de trophées ? Geneviève n’a pas la possibilité d’accepter l’invitation, compte tenu des ses impératifs professionnels. Néanmoins, elle m’encourage vivement à saisir la chance qui se présente. Il s’avèrera, trop tard, qu’elle aurait pu se joindre à nous. Astrid Jenicot et Bernard Ghesquières ont eux aussi accepté la proposition de Michel, l’équipe de quatre cerfs-volistes est désormais scellée.
La remise des trophées récompense les sept meilleurs films documentaires relatifs au patrimoine naturel du Portugal : Zaïn, les sept merveilles naturelles du Portugal. La manifestation est coproduite par Dragone et Tavolanostra Eventos Globais. Elle est retransmise en direct sur la chaîne portugaise RTP1.
Mercredi 8 septembre
Départ pour les Açores Départ de Bruxelles pour Lisbonne, puis un vol Lisbonne vers Ponta Delgada sur l’île de São Miguel, de quoi occuper toute une journée. São Miguel est la plus grande île de l'archipel des Açores (746,8 km²). Cette île Portugaise est productrice d’ananas et de thé. L'intervention a lieu à Ponta Delgada, capitale administrative et centre économique le plus important des Açores. C’est aussi une ville historique dont les églises et les couvents témoignent de son engagement religieux
Arrivée sur le site : Après quelques péripéties nous arrivons à l’hôtel. Un diner, très attendu, est servi sous forme de buffets. Malgré l’heure avancée, nous ne résistons pas à l’envie de découvrir le site qui sera le théâtre de notre vol de chauves-souris. Au milieu de la marina, une jetée étroite accueille d’un côté des gradins monumentaux et de l’autre la scène. Entre les deux, un espace nous est destiné. Les dimensions du terrain de vol sont modestes, un carré de 18 m de côté, tout au plus. Et encore, nous apprendrons plus tard qu’une grande partie de cet espace sera interdite d’accès. En effet, elle sera réservée à des vidéos-projecteurs destinés à coloriser et à projeter des images sur les gradins. C’est la « toile de fond » de la scène. Les cônes de projection traversent le terrain de vol, il est hors de question de les interrompre.
Jeudi 9 septembre
Prise de contact Dès le premier jour, après un solide petit déjeuner, nous rencontrons des personnes de l’organisation. Nous avons confirmation de ce que nous aurons à réaliser : une intervention de 4 minutes pour animer le fond de scène avec nos chauves-souris.
Michel a apporté les trois Chauves-souris pilotables qu’il a construites pour l’occasion, nos trois chauves-souris statiques, une appartenant à Astrid et une autre qui lui a été confiée par Jean Gadomski. Bernard, lui aussi, en a apporté une dans ses bagages.
Le scénario prévoit un vol en deux temps, d’abord un vol chaotique suivi d’un vol apaisé. Nous décidons que Bernard et Michel seront chargés des pilotables à quatre lignes, biens adaptés au vol chaotique, et qu’Astrid et moi nous occuperons des statiques pour le vol apaisé. Deux jours sont prévus pour mettre les choses au point, essayer nos tenues en vue des retouches, prendre possession des lieux, découvrir le monde du spectacle, appréhender les impératifs d’une production télévisée en direct sur la RTP, exprimer nos contraintes et besoins. Le vent est extrêmement changeant. Les prévisionnistes annoncent un vent faible, voir inexistant, pour les deux premiers jours. Un vent fort pour le jour de la remise de trophées. Les lignes des pilotables sont trop longues. De 25m, elles passent à 20m. Premier vols et chutes de Bernard et de Michel, peu de « bobo » toutefois. En fait il y a trop peu de recul possible pour piloter. Quelques voiles sont installées en marge de notre aire de vol. Nous faisons remarquer que cela gênera le vol des cerfs-volants mais leur présence est requise par la production de la télévision. Sous la brise légère ces voiles se gonflent fortement, il faudrait sans doute les entailler pour faire diminuer la pression.
Photo aérienne : Nous parlons de ma passion pour la photographie aérienne par cerf-volant. Du temps nous est accordé pour organiser une séance d’aéro-photographie, qui porte ses fruits. Pendant 40 minutes nous allons nous déplacer sur le site pour varier les points de vue. La stabilité est parfaite et les résultats à la hauteur de nos espérances.
Répétition générale : Pour la première répétition, le vol est réussi, des défauts d’éclairage des cerfs-volants sont détectés. La longueur des lignes des pilotables risque de mettre les chauves-souris hors du cadre des caméras. Les brides de couleur blanche sont trop visibles, il faut les noircir.
Vendredi 10 septembre
Les longueurs des lignes des pilotables sont de nouveau réduites à 12,5m. C’est court, très court, elles requièrent une bonne dose de dextérité pour le pilotage. Les brides sont noircies au feutre. Des voiles ont été ajoutées sur les deux côtés de notre espace de vol qui étaient libres jusqu’alors. Nous nous retrouvons totalement encadrés, gradins à gauche, scène à droite et des voiles devant et derrière nous ! Les voiles sont maintenant entaillées.
Répétition générale : Pour la deuxième répétition, le vent est totalement absent, le vol est impossible, l’angoisse monte, il ne faudrait pas que cela se passe comme cela le jour du spectacle. On se rassure en se disant que demain nous n’en manquerons pas !
Samedi 11 septembre
Le matin, un moment de repos nous est accordé. C’est l’occasion de découvrir un peu Ponta Delgada et de réaliser quelques emplettes. Les voiles ont souffert du vent nocturne, certaines volent par un coin, d’autres ont tordu leurs supports qui sont devenus inutilisables. Les voiles qui subsistent sont enroulées autour de leurs mats
L’après-midi le vent est fort, très fort, des pointes à 55 km/h sont attendues.
Côté pilotables, pas trop d’inquiétude mais il ne faut pas casser. Les lignes sont ,elles aussi, teintées en noir.
Côté statiques, c’est un peu plus compliqué car ces cerfs-volants sont conçus pour vent faible. Il est annoncé des niveaux de vent tout à fait incompatibles avec leurs capacités de vol. C’est le moment de trouver des solutions. Un essai montre qu’elles ne se brisent pas, mais qu’il est impossible de maintenir nos bestioles en l’air, plus de quelques secondes. Les idées fusent, le ruban adhésif est de sortie. Les baguettes transversales sont surbaissées, les oreilles tendues à l’extrême. Les extrémités qui risquent de rencontrer brutalement le sol sont renforcées, enfin, du lest est ajouté au bas de la baguette verticale. Essais après essais ça vole ! Il reste à savoir si les conditions de vol seront les mêmes ce soir ! Nous reportons les modifications sur une deuxième chauve-souris, l’essai en vol est concluant, on ne touche plus à rien.
Tiens, les voiles sont de retour mais en nombre plus réduit cette fois.
Le spectacle : Le compte à rebours va très vite commencer, débriefing et motivation des équipes dès 18 heures. Repas rapide pris sous chapiteau, entrée en scène imminente. Si la bonne humeur générale règne, la tension monte progressivement. En ce qui nous concerne le défi à relever est simple : un TOP départ, décoller à la seconde prévue, effectuer notre prestation et disparaitre du fond de scène, immédiatement après. Quatre petites minutes qui dans le contexte semblent interminables, tenir, tenir, tenir. Les quatre lignes de Michel et Bernard entrent en jeu, ça vole plutôt bien, soudain le cerf-volant de Michel est rabattu sur le sol, une bride est coincée sous une aile de la chauve souris, quelques secousses sur les lignes arrières et voila que la bride est libérée, ouf, le vol reprend. C’est maintenant le tour des statiques. Astrid décolle sans problème. Je constate, en la soulevant, que ma ligne se courbe vers les gradins, à gauche. J’ai donc au niveau du sol un vent perpendiculaire à celui des copains ! Effectivement, mon cerf-volant est dévié vers les gradins et dévente, quelques secondes pour le remettre en l’air, après il sera trop tard, ça repart, ça tient un peu, dur, dur. Notre prestation est un succès, quatre minutes d’éternité pour sans doute quelques secondes retransmises sur le petit écran des téléspectateurs. Nous sommes soulagés. Nous recevons les félicitations de quelques supporters. Ceux-ci ont eu l’occasion de comprendre combien il est difficile de répondre au cahier des charges, à l’instant, quand le vent est aléatoire. Le spectacle continue. Un feu d’artifice clôture l’émission. Un pot organisé à proximité du lieu de la manifestation permet à tous les participants de se retrouver une dernière fois après le spectacle et d’échanger leurs impressions.
L’aventure a été enrichissante. Nous avons découvert un monde qui nous était totalement inconnu. Nous avons apprécié l’accueil remarquable des personnes que nous avons côtoyées. Nous avons participé à un mélange de cultures et de langues. En fait, un cocktail que nous avons dégusté sans modération !
Merci, en particulier à Daphné Cornez, Nicolas Ney et Fabrice Bollen de la production Dragone sans oublier ceux qui, directement ou indirectement, nous ont permis de vivre cette aventure !
Sauf indication contraire, les photos sont de Jean-Luc Vansnickt.
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